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[PORTRAIT ALUMNI] Paul RINER (99è), Acheteur chez Hermès
1# Paul, peux-tu nous parler de ton parcours à l'École d'Ingénieurs de PURPAN ?
À l’École d’Ingénieurs de PURPAN, j’ai suivi un parcours classique en intégrant directement le programme ingénieur post-bac pour cinq années d’études. Tout au long de mon cursus, j’ai hésité entre plusieurs domaines qui me passionnaient : la génétique, la biodiversité et la zoologie, ainsi que le commerce international. Plutôt que de faire un choix définitif, j’ai cherché à construire un parcours qui intègre ces trois thématiques.
Mon Erasmus m’a offert l’opportunité d’explorer à la fois les marchés économiques, le management et la conservation de la biodiversité. Puis, en dernière année, j’ai choisi la dominante d’approfondissement en export, avec pour objectif d’apporter une dimension internationale à ma future carrière.
Lors de mon stage de fin d’études, j’ai eu l’opportunité de travailler dans une tannerie appartenant à une maison de luxe. Ma mission portait sur l’approvisionnement en peaux, avec un double enjeu : garantir leur qualité dès leur arrivée et améliorer l’impact RSE de la filière. Ce projet m’a conduit à naviguer entre la tannerie, les abattoirs et les élevages de veaux, me permettant ainsi d’aborder des sujets qui me tenaient particulièrement à cœur : la génétique, la relation fournisseur-client et l’amélioration des pratiques agricoles.

2# Tu es aujourd'hui Acheteur chez Hermès, en quoi consiste ton poste ?
En tant qu’acheteur chez Hermès, mon rôle est à la fois stratégique et opérationnel, et il varie en fonction de l’ADN de l’entreprise. Chez Hermès, la mission des achats repose avant tout sur la coordination des différents interlocuteurs de la Maison avec nos fournisseurs : RSE, approvisionnement, qualité, développement et finance. Nous sommes les garants du bon fonctionnement des relations avec nos partenaires et de leur pérennité.
Sur le plan opérationnel, mon travail englobe plusieurs dimensions clés des achats : négociation des prix, budgétisation des perspectives d’achats, gestion des capacités fournisseurs, sourcing de nouvelles matières et suivi des développements. Nous évaluons également la performance de nos partenaires pour garantir des standards d’excellence.
Dans un groupe comme Hermès, où les relations avec les fournisseurs s’inscrivent sur le long terme, nous devons porter une attention particulière à leur pérennité. Cela inclut le suivi de leur santé financière, des successions, des plans de continuité et des investissements. Ces sujets sont au cœur de notre quotidien pour assurer une chaîne d’approvisionnement stable et responsable.
Un autre aspect fondamental de mon poste concerne l’analyse et le suivi des filières d’approvisionnement. Bien que le lien entre ma formation agro et mon métier puisse sembler flou au premier abord, il est en réalité essentiel. Une grande partie de mon travail consiste à comprendre les dynamiques techniques, économiques et organisationnelles des filières, ainsi que leurs impacts environnementaux et sociaux. Je me rends régulièrement dans des fermes et des abattoirs, que ce soit pour suivre nos filières existantes ou en identifier de nouvelles. Cette démarche nous permet d’anticiper les risques et de préserver l’image et la réputation de la Maison.
Enfin, mon travail ne se limite pas à la qualité des cuirs : il s’étend à des enjeux agricoles de fond, tels que la génétique, les méthodes d’élevage, l’impact environnemental, le bien-être animal et la rémunération des éleveurs. Ces sujets sont au cœur de nombreux projets que je mène sur l’amont de la filière, avec pour objectif de garantir une production respectueuse et durable.
3# Selon toi, quelles sont les qualités nécessaires pour ce poste ?
Tout d’abord, la curiosité est primordiale. Il est indispensable de se tenir informé en permanence, non seulement sur nos fournisseurs et leur environnement, mais aussi sur l’évolution des marchés. Cela implique une veille constante sur l’amont et l’aval des filières afin d’anticiper les tendances et les éventuels bouleversements économiques, techniques ou réglementaires.
Ensuite, l’autonomie est une compétence clé. Ce poste revêt un caractère stratégique au sein de l’entreprise et implique de prendre régulièrement des décisions importantes. Étant souvent en déplacement, il est essentiel de savoir gérer ses priorités et avancer sans supervision directe. Cette indépendance est d’ailleurs un aspect particulièrement attractif du métier, permettant une grande diversité de missions et de rencontres.
Enfin, il faut faire preuve d’adaptabilité. Le rôle d’un acheteur consiste à interagir avec une multitude d’acteurs, chacun ayant sa propre vision et son mode de fonctionnement. Que ce soit lors de négociations, de déplacements aux horaires flexibles ou de réunions en plusieurs langues et cultures, il est essentiel de s’ajuster aux contextes et aux interlocuteurs pour assurer des échanges fluides et constructifs. C’est cette diversité qui rend la fonction à la fois exigeante et passionnante.
4# Comment as-tu intégré le monde du luxe ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, intégrer le monde du luxe n’a jamais été un objectif en soi. Ce secteur est vaste et protéiforme, et mon intérêt s’est d’abord porté sur les filières agricoles non alimentaires, qui me semblaient moins explorées que d’autres.
Durant mes années à Purpan, j’ai développé une curiosité pour les savoir-faire artisanaux et la préservation des belles matières, notamment celles utilisées dans le secteur de l’habillement. Lors de ma recherche de stage de fin d’études, je me suis donc orienté vers des entreprises spécialisées dans la production de cuirs, laines et cotons. C’est ainsi qu’une opportunité s’est présentée dans une tannerie en Alsace, où j’ai pu mener des missions en lien avec l’agriculture, ce qui m’a ouvert les premières portes de ce domaine.

À la fin de mon cursus, en plein contexte de crise sanitaire, et après avoir adoré mon expérience en tannerie, j’ai souhaité poursuivre dans ce secteur. J’ai décroché un premier CDD dans une mégisserie à Millau, une PME dans laquelle j’ai été recruté pour des missions RSE et HSE, mais où j’ai également eu la chance de travailler sur des thématiques commerciales, achats et R&D. Cette expérience, extrêmement polyvalente et enrichissante, s’est achevée un an plus tard lorsque j’ai eu l’opportunité d’intégrer Hermès en tant que chargé de missions RSE, avec pour objectif le suivi de la performance RSE des fournisseurs.
Neuf mois plus tard, cette première expérience au sein de la Maison m’a permis d’évoluer vers un poste en CDI d’acheteur, sur le périmètre Ovins et Caprins, consolidant ainsi mon engagement dans ce secteur fascinant.
5# Un conseil pour ceux qui nous lisent et qui souhaitent travailler dans le luxe ?
Je le répète souvent aux étudiants qui me posent cette question : je n’aime pas du tout entendre "Je veux travailler dans le luxe". Cette phrase, bien que courante, ne signifie pas grand-chose en soi. Certes, d’un point de vue économique, le luxe est une classe de marché bien distincte, mais il englobe des secteurs aussi variés que l’alimentation, l’automobile, les spiritueux, la mode ou encore la cosmétique, chacun fonctionnant selon ses propres codes et exigences.
Je comprends que l’on puisse être attiré par le savoir-faire, l’artisanat d’exception ou encore la dimension onirique associée au luxe, mais il est essentiel de se poser les bonnes questions : Sur quel type de produit ai-je envie de travailler ? Quelle matière me passionne ? Car il y a une grande différence entre être acheteur cuir en maroquinerie, responsable de production dans un vignoble, commercial spécialisé dans le caviar ou encore ingénieur qualité en parfumerie.
Cela dit, il est tout à fait normal – et même souhaitable – de commencer quelque part et d’évoluer ensuite. Rien n’est figé, et heureusement ! Un premier poste ne définit pas une carrière, il sert avant tout de tremplin.
Le premier conseil que je peux donner, notamment pour la maroquinerie (mais applicable à d’autres secteurs), est de se tenir informé de l’actualité du marché. C’est un environnement dynamique mais relativement restreint, et suivre son évolution permet de se différencier, notamment lors d’un entretien.
Le second, et sans doute le plus important pour un Purpanais, est de valoriser sa connaissance de l’amont agricole. De nombreuses matières utilisées par les Maisons sont d’origine naturelle, et de plus en plus de postes en achats ou en RSE se créent autour de la gestion des filières et du développement durable. C’est une expertise précieuse et recherchée, qui peut être un véritable atout pour intégrer cet univers.



6# Tu as intégré le Conseil d'Administration de PURPAN Alumni en 2021. Qu'est-ce qui t'a poussé à te lancer dans cette aventure ?
J’ai obtenu mon diplôme de Purpan en 2020, en pleine période de Covid. Cette année-là, l’école nous a proposé une cérémonie numérique pour célébrer notre diplôme, en novembre ou décembre. Lors de cet événement, Corentin a pris la parole pour présenter les projets et ambitions de l’association des Alumni.
À ce moment-là, je venais de m’installer à Millau et un nouveau confinement venait d’être décrété. J’avais donc un peu de temps devant moi et je voyais l’intégration au Conseil d’Administration comme une belle opportunité de rester en lien avec l’école et de m’investir pour la communauté Purpanaise. Je ne l’ai absolument pas regretté ! Cela me permet de suivre l’actualité de l’association, de participer à des projets concrets, et surtout d’échanger avec d’autres diplômés aux parcours inspirants.
D’ailleurs, en seulement trois ans, le dynamisme de l’association s’est considérablement renforcé, rendant mon engagement encore plus stimulant. J’ai principalement travaillé sur des projets liés aux relations avec l’école, notamment Pur’Parrainage, un programme qui constitue une véritable aide pour les étudiants.
Je recommande vivement aux Purpanais de rester proches de l’association : c’est notre force pour conserver un réseau solide et actif tout au long de notre parcours professionnel.
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